Art en dèche


À la veille des annonces d’Emmanuel Macron pour la culture, nous partageons une correspondance anonyme entre deux artistes.

Cette vidéo est une carte postale
c’est l’art en dèche
c’est l’art tout court

Elle a été réalisée en mars 2020 par une amie et voisine.
L’autre soir elle est venue à la maison et on a crié à 20h
« du fric pour l’hôpital public »

chacune à sa fenêtre

si on doit respecter une « distanciation sociale »
nos problèmes ne nous ont jamais autant collés de près

c’est la peinture qui s’écaille et se décolle de nos murs
c’est la misère qu’on cache aux yeux des autres habituellement
c’est les allergies qu’on développe
c’est Riester chef d’entreprise
c’est un briquet vide

fossile-précarité

le privé n’a jamais été autant public depuis qu’on est confinées
on se dit tout ou presque

combien il te reste une fois que t’as payé ton loyer ? t’as des sous pour les courses ?
t’as revu ton ex ? t’as couché avec elle ?

avant on savait que c’était compliqué mais on se disait pas tout
là on se dit que c’est vraiment la merde
alors qu’en fait c’était déjà la merde

Le retour à la normale ne sera pas possible car la normalité c’était ça le problème.
La crise sanitaire ne fait que révéler des problèmes structurels qui étaient déjà là.

Dans le film Born in Flames de Lizzie Borden (1983), des groupes de meufs piratent les chaînes de télévision pour dénoncer les crimes d’état.

Imagine que cette vidéo passe au JT de 20h demain