Nous, amis parisiens de P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now), aux côtés de P.A.I.N. et de Nan Goldin, Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, artiste mondialement reconnue et porte-parole du collectif, manifestons aujourd’hui devant le musée du Louvre en tant que survivants et témoins de la crise des opioïdes aux États- Unis, dont la famille Sackler et son entreprise Purdue Pharma sont les responsables.
Douze salles du musée du Louvre (aile des antiquités orientales) portent le nom Sackler, suite à un don de 10 millions de francs en 1997. Nous n’acceptons pas que le Louvre porte le nom d’une famille complice de crimes. Nous demandons à ce que le musée du Louvre débaptise l’aile Sackler et s’engage à refuser toute donation criminelle à l’avenir. Les Sackler ont commercialisé, en dépit de leur connaissance des risques du produit, le plus puissant et addictif analgésique de l’histoire : l’OxyContin, responsable direct de l’addiction de millions de personnes et de la mort de 218 000 d’entre elles par overdose depuis 20 ans.
C’est aujourd’hui plus de 2000 états, villes et comptés des États-Unis qui poursuivent Purdue Pharma et la famille Sackler devant la justice. La crise des opioïdes a également frappé la France, par l’action de la même entreprise pharmaceutique qui a provoqué la crise américaine, Purdue Pharma — via Mundipharma, sa branche internationale, également propriété de la famille Sackler.
Pour lutter contre ce fléau, Nan Goldin et le collectif P.A.I.N se sont fixé pour but de dénoncer l’entreprise philanthropique des Sackler en visant par leurs actions les musées et universités au rayonnement international ayant accepté leurs dons. Suite à leurs actions au Guggenheim, au Metropolitan Museum of Art et au Smithsonian American Art Museum, ces institutions, ainsi que le National Portrait Gallery et la Tate Modern, ont annoncé publiquement qu’ils refuseraient à l’avenir toute donation de la famille Sackler.
En tant que musée le plus visité au monde, Le Louvre ne doit-il pas donner l’exemple d’une éthique irréprochable, en se désengageant de ses liens à toute philantropie criminelle? Débaptiser l’aile Sackler est à la portée de la main, dans la mesure où, après vérification, il apparaît que le règlement intérieur du Musée du Louvre régissant les dons stipule qu’aucune appellation de salle faite suite à don n’est irrevocable (art.4.2.b.). De notre côté, nous n’acceptons plus qu’une institution culturelle publique financée par l’État et les contribuables, porte au pinacle une entreprise meurtrière.