SUITES DE LA “LETTRE OUVERTE AUX CRÉATIVES”


Genève, le 20 novembre 2019

Communiqué:


SUITES DE NOTRE “LETTRE OUVERTE AUX CRÉATIVES”

Nous venons de recevoir une mise en demeure de l’avocate du festival Les Créatives suite à une lettre ouverte, que nous avions publiée le 15 novembre 2019, témoignant de nos relations de travail avec le festival. Ce dernier conteste entièrement le contenu de notre lettre, il nous somme de la retirer de tous supports et de ne plus la relayer. Il nous menace d’une action en justice.

Nous sommes extrêmement déçue·x·s de voir que le festival préfère engager des frais juridiques plutôt que d’interroger ses pratiques et les modifier. 

Les dénis et refus de responsabilité, la réponse par la menace juridique, sont des moyens de pression liés à l’exercice du pouvoir. Il s’agit d’une tentative évidente de nous faire taire. Nous sommes vraiment choquée·x·s que Les Créatives, un festival féministe, tentent d’effacer nos voix et nos contestations. D’autant plus que l’édition de cette année est consacrée à la colère. 

Écrire une lettre ouverte a été notre dernier recours suite à plusieurs tentatives de dialogue. Nous demandions que le festival reconnaisse le traitement injuste que nous avions subi, nous verse nos salaires et nous présente ses excuses. Nous avions publié notre témoignage pour tenter de sortir de l’impuissance et de visibiliser des pratiques professionnelles qui sont bien trop courantes dans les milieux artistiques et culturels et dont nous, en tant que femmes*, dont trois sont racisé.e.x.s, sommes victimes en permanence. Nous demandions donc que ce genre d’agissements cessent, pas seulement aux Créatives, mais partout.

Notre litige étant d’ordre “contractuel”, le festival, par le biais de son avocate, nous demande d’utiliser les voies judiciaires usuelles si nous désirons contester la voix de l’association. Cependant, nous n’avons pas de contrat écrit – travailler sans contrat écrit est une pratique bien trop répandue dans la tenue de projets artistiques – donc peu de chance d’obtenir gain de cause. Avec cette mise en demeure, le festival rend bien visible les asymétries à l’oeuvre dans nos rapports.

Pour nous, la possibilité d’articuler une critique, de demander un dialogue et une remise en question sont des choses essentielles dans une perspective politique. Cela devrait couler de source pour un festival qui fait d’un positionnement comme le féminisme son crédo.

Nous retirons aujourd’hui la lettre car nous n’avons ni le temps, ni l’énergie, ni l’argent pour faire face à des procédures juridiques, mais nous maintenons nos demandes, à savoir le versement de nos salaires et des excuses de la part du festival et d’Agenda 21.

Nous voulons remercier chaleureusement toutes les personnes et collectifs qui nous ont et qui continuent à nous soutenir dans nos démarches.

Nous sommes convaincue·x·s qu’il faut continuer à exiger de meilleures conditions de travail dans nos milieux.


En solidarité,

7 femmes* artistes, curatrices, médiatrice

lettreouverteauxcreatives@gmail.com