Depuis le 2 avril, l’exposition La Bibliothèque Chimurenga est présentée à la Bibliothèque publique d’informations (BPI, au Centre Pompidou). Organisée par le collectif sud-africain Chimurenga, ce projet affirme, dans un climat français sclérosé par les attaques contre les universités et leur prétendu « islamo-gauchisme », l’importance de porter haut et fort la voix des Études Noires. Bien sûr, le contexte institutionnel dans lequel a lieu cette exposition peut interroger. En effet, à un moment où, aux États-Unis se crée, autour de Decolonize This Place, un rapport de force inédit sur comment penser « au-delà » ou « après » le MoMA à New York [1], la stratégie est faite ici de penser « dans » ou « avec » l’institution. L’institution étant le Centre Pompidou, bien sûr, mais surtout cette étrange saison culturelle Africa 2020, voulue par Emmanuel Macron comme un symbole de la prétendue “mort” de la France Afrique. Pourtant, comme le souligne Nadia Yala Kisukidi dans un article publié dans la Revue du Crieur en 2018, le gouvernement français développe une politique envers l’Afrique de l’« en même temps [2] » qui est celle « d’un État qui, sous le doux commerce de la langue et de la culture, n’a pas renoncé aux attributs de la puissance sur le sol africain [3]». Ces attributs même de la puissance économiques françaises se retrouvent dans la liste des mécènes égrenés sur le site internet du Centre Pompidou : la Fondation Gilbert et Rose-Marie Chagoury, Orange, Total Foundation, Axian, Groupe Sipromad, JCDecaux, Pernod Ricard, Sanofi, Société Générale, VINCI, CFAO, ENGIE, Thales, Thomson Broadcast et Veolia [4]. Un gros tas d’entreprises qui ont des visées économiques extractivistes – voire climaticides dans le cas de Total – sur le continent africain.
Alors que faire face à tout ça ? Que faire quand des institutions culturelles françaises ont tout d’un coup l’envie impérieuse et les moyens financiers d’inviter des penseur·ses, artistes, auteur·rice·s africain·e·s en leur sein ? Nadia Yala Kisukidi met en mot de manière limpide ce dilemme : « Cet intérêt envers l’Afrique ainsi que les projets et discours contradictoires qu’il implique confrontent les intellectuels critiques, africains, afro-diasporiques, à un problème sérieux de stratégie et de cohérence politique. Quelle scène faut-il habiter ? Celle de la contestation radicale au mépris, parfois, de l’efficacité politique ? Celle de la pratique institutionnelle, au risque de compromissions, de récupérations ? » L’autrice conclut sur une seule nécessité, « Démonter les discours qui détruisent et diminuent, et ruser, toujours, avec la force d’un pouvoir qui, quoiqu’il prétende, ne cesse d’entraver. Reprendre l’initiative de nos destinées historiques et, contre toutes les pertes et les mélancolies possibles, réapprendre à gagner en politique [5]. »
C’est ce que souhaite aujourd’hui proposer La Bibliothèque Chimurenga. En inflitrant la BPI, et en y disséminant des savoirs et des positions élaboré·e·s par les Études Noires longtemps invisibilisées et décriées en France, iels exposent des lignes possibles d’échappement. Nous sommes donc heureux·ses de publier aujourd’hui ce texte du poète et critique d’art Chris Cyrille qui met en lumière cette exposition dont la résonance dans la presse, comme le fait justement remarquer l’auteur, est faible, alors que son lieu d’ancrage, la bibliothèque, fait qu’elle est aujourd’hui l’une des rares accessibles au public.
Vue de l’exposition La Bibliothèque Chimurenga. Image : Pascale Obolo
Le 21 mars dernier, le politologue et historien Achille Mbembe s’est expliqué dans le journal Jeune Afrique sur ses raisons le conduisant à « accepter de travailler avec Emmanuel Macron [6]» pour le prochain sommet Afrique-France. Le 27 mars (après la grande manifestation du 27 février), plusieurs personnes, syndicats et collectifs manifestent contre l’empoisonnement à la chlordécone en Martinique, Guadeloupe et France hexagonale [7]. Le 12 avril, l’artiste et philosophe Adrian Piper raconte dans Artforum le long auto-sabotage de l’association CM98 (Comité marche du 23 mai 1998) et son implication dans la cassure du projet du Mémorial national de l’esclavage au jardin des Tuileries [8]. Le 20 avril, l’ancien officier de police Derek Chauvin a été reconnu coupable du meurtre de George Flyod [9]. En France comme ailleurs, les longues et multiséculaires montées en dignité semblent prendre un nouveau tournant imprédictible entre mouvements noirs transnationaux et récupérations politiques dans la mesure où nous avons l’impression et d’une reconfiguration stratégique des politiques gouvernementales (parfois de leurs échecs, comme avec le Mémorial) et d’une reconfiguration positive des stratégies politiques afro-diasporiques, l’une répondant souvent à l’autre — cela, lorsque le bon vieux modèle universaliste (compris comme la généralisation du particulier) ne balaye pas ces mouvements d’un revers de main en les accusant par exemple d’ « islamo-gauchisme ».
Vue de l’exposition La Bibliothèque Chimurenga. Image : Pascale Obolo
Dans le même balan, certaines initiatives des mondes de l’art accompagnent ces montées en dignité (prises dans des mouvements complexes) sans qu’elles ne trouvent d’écho dans la presse. Et pourtant, quand les vents de la tendance soufflent, les journalistes de l’art suivent, mais quand plus rien ne souffle, plus ou presque rien. Cela même si nous sommes en pleine « saison africaine ». Une bonne partie de notre presse peut s’aligner sur certaines questions politiques mais nous ne la voyons jamais s’aligner (hors évènements médiatiques ou circonstanciels) sur des questions relatives au racisme ni à la colonialité dans les milieux de l’art, réservant ces questions « aux plus militants ». À dire vrai, ces constats sont le symptôme d’une presse encore et terriblement blanche qui n’en démord pas et continue d’avoir peur de se saisir de ces questions par peur, peut-être, de ne plus pouvoir dire — le « dire » (surtout, le « dire en premier ») étant ici un pouvoir —, laissant donc ces questions aux seuls non-blancs tout en ne les faisant pas remonter à la ou leur surface sauf lorsque c’est encore elle qui di(t)rige ou scénarise ce qui est dit. En faisant cela, elle rejoue, à l’envers, une certaine discrimination et consolide une certaine structure raciste. Autre précision, si les raisons de cette « saison africaine » peuvent s’expliquer à partir du maintient de la francophonie en tant que dispositif de contrôle et de domination comme l’exergue en début d’article l’explique, cela n’exclut pas les stratégies politiques inventées par des Noir·e·s. Je pense ici au sociologue Stuart Hall : « Or, ce à quoi je m’intéresse, ce sont les stratégies culturelles qui peuvent faire la différence et changer la forme du pouvoir [10]». Peut-être est-il important de préciser que les « cultures noires » ont toujours comploter des contre-pouvoirs qui n’utilisent pas les armes du maître. Nous parlerons de l’évènement La Bibliothèque Chimurenga comme l’une d’entre elles dans la mesure où cet événement — pris dans une mangle complexe d’intérêts, d’enjeux et de décisions — invente d’autres méthodologies et lieux de savoir et de connaissance. Prolongation du concept « Chimurenga Library » de la revue sud-africaine Chimurenga, cet accrochage (de livres, de phrases, de disques, de paroles…) se tient actuellement à la BPI (Bibliothèque Publique d’information) au Centre Pompidou dans le cadre de la saison Africa 2020.
Vue de l’exposition La Bibliothèque Chimurenga. Image : Pascale Obolo
Ouverte le 2 avril et prévue jusqu’au 16 mai (même s’il est question de la prolonger), l’exposition (ou l’accrochage) a été conçue par la revue Chimurenga et ses membres dont : Ntone Edjabe, fondateur de la revue, le graphiste Graeme Arendse ou encore l’écrivaine et rédactrice en chef de la revue Stacy Hardy. Avec, dans l’équipe commissariale, la cinéaste et curatrice Pascale Obolo, la chercheuse Amina Belghiti ou encore le poète Paul-Aimé William [11] — rajoutons qu’un nouveau numéro de la revue The Chronic a été co-édité avec le Centre Pompidou, retraçant et synthétisant ce long travail de recherche.
En plus d’amasser et de présenter une somme d’archives sur ce qu’il faudrait appeler les Études Noires ou l’Étude Noire en France (Ntone Edjabe propose une distinction conceptuelle entre les deux termes, le premier ferait référence au champ de recherche alors que le second désignerait une méthode « indisciplinable [12] »), elle propose une réelle expérience esthétique et c’est à l’échelle du corps qu’il faudrait recontextualiser et raconter ce projet car en raconter les détails est, certes nécessaire, mais il est aussi essentiel de rappeler qu’il n’y a pas — dans ces études — de séparation entre le corps et l’esprit, et que la manière même de les mener est — nous proposons le terme — un acte de piraterie-piratage épistémologique (par « piraterie » ou « piratage épistémologique », il faudrait entendre toute stratégie ou action de dislocation, au sens derridien, des méthodes et routes de la connaissance), que cette longue chronologie des mouvements Noirs est une échappée de sang et de sueurs, de tout ce qui fait le vivant, vivant. Voici comment cette étude est définie dans le communiqué de presse : « L’Étude noire désigne l’ensemble des méthodes et corpus de connaissances que les Noirs ont développés pour survivre et contrecarrer la modernité occidentale dont la construction et la consolidation se sont fondées sur l’esclavage, la colonisation et les formes d’apartheid. Fondamentalement indisciplinée, c’est une façon d’apprendre basée sur la relation, l’improvisation en groupe et la réactivation d’une connaissance ancrée de la liberté. Comme l’indique le poète Fred Moten, l’Étude noire nous demande d’envisager de « refuser ce qui vous a été refusé ». Elle se manifeste dans l’hospitalité des sans-foyers ; elle affirme la force du déplacement à contre-courant d’une longue histoire de déplacements forcés, et elle nécessite une attitude polyrythmique. Elle constitue la pratique de la « Blackness » – la trajectoire socio-historique des peuples afro-descendants, une expérience vécue et incarnée, une méthode et une façon d’être dans le monde. » — retenons pour notre texte « fondamentalement indisciplinée », « expérience vécue et incarnée » et « une méthode et une façon d’être dans le monde » [13].
Vue de l’exposition La Bibliothèque Chimurenga. Image : Pascale Obolo
De quoi est-il question dans cette installation ? Je crois, de remontée des corps et non de bibliothèques poussiéreuses se tenant à distance des réalités du racisme ou des politiques extractivistes. Qui seront celleux qui comprendront que La Bibliothèque Chimurenga n’est pas qu’une exposition ou qu’un ensemble de livres, d’informations à glaner et à garder pour soi pour ensuite s’en faire spécialiste et courir aux colloques histoire de s’injecter un peu de valeur symbolique dans l’économie et la circulation générale des savoirs ? Car il est important de reconnaître ici la valeur éthique-esthétique de ce long travail mené et l’on comprend qu’il est question ici autant d’incarnation (au sens de rendre sensible) que de dignité. Heureuse chose donc, que ce travail de recherche qui rend visible et sensible des circulations globales, triangulaires et hexagonales [14] — témoins et constitutives de nos modernités — qui jusqu’ici coulaient sous l’acier de l’eurocentrisme.
Avant de monter dans l’escalator pour accéder à l’étage, au bout de la salle, une cartographie du parcours de Maboula Soumahoro. À l’étage, traversant le couloir de la BPI, nous retrouvons au sol des lézardes rouges où viennent couler phrases et citations. Là, le collectif afroféministe Mwasi (fondé en 2014), là encore, Édouard Glissant. Une citation de Yala Kisukidi que je lis et qui fait remonter tout le projet archéologique de Cheikh Anta Diop : « Déracialiser signifie non pas être aveugle à la race, ni même l’éliminer, mais plutôt ne pas reconduire, reproduire et consolider des hiérarchies sociales, où tout ce qui serait associé à un monde noir serait systématiquement construit comme inférieur au monde blanc. “Déracialiser” signifie, dans le cas précis de Cheikh Anta Diop, débusquer les traces des présences civilisationnelles noires recouvertes et effacées par les mythologies coloniales du blanchissement. Déracialiser signifiera donc noircir…rigoureusement ! ». Je lis en dessous : Nadia Yala Kisukidi, « Le Miracle grec », Tumultes No 52, 2019. Dans les rayons de la BPI, plusieurs indicateurs rouges et marqueurs viennent signaler que la bibliothèque continue ici — Ntone Edjabe nous donne les raisons de ces marquages : « En Afrique du Sud, à cause de la censure pendant l’apartheid, les militants devaient développer des stratégies pour obtenir certaines informations. L’une de ces stratégies consistait à voler dans les bibliothèques spécialisées, celles des universités par exemple, qui avaient des ressources qui ne circulaient pas dans l’espace public […] Nous redéployons ces stratégies, entre autres, pour indiquer les méthodes inventées dans les situations d’oppression. [15]».
Vue de l’exposition La Bibliothèque Chimurenga. Image : Pascale Obolo
Tout un ensemble de livres qui viennent non plus hanter (comme un éternel dehors) mais transformer la classification des ouvrages de la BPI. Là encore, le geste s’enfonce. Ce qui est dit à travers ce geste, « votre classification ne va pas, et c’est parce qu’elle est ce qu’elle est que tous ces ouvrages (relatifs aux Études Noires) sont absents de vos bibliothèques. Vous classifiez à partir de mots-clés, de lignes qui se succèdent mais sont incapables de voir ce qu’elles n’ont pas au préalable fixé. Vous cherchez le Modernisme dans vos barres de recherche et vous ne trouvez en effet que le Modernisme, vous cherchez l’Afrique et ne trouvez que l’Afrique; vous tournez en rond jusqu’à ce que vous compreniez que tout cela n’existe pas, et qu’il faudra reprendre, tout reprendre. Et nous vous invitons à ce que l’on reprenne tout, tout ensemble. » L’exposition a réinventé d’autres thèmes ou catégories pour classer reprenant parfois le titre d’ouvrages importants : FUGITIF, OÙ COURS TU ? (FUCT), BLACK LABEL (BL), ETUDES NOIRES, DIPLÔMES BLANCS (ENDB), ou encore LA PAROLE AUX NÉGRESSES (PAN). Sous chacune de ces nouvelles rubriques, une liste d’ouvrages qui pourrait devenir une première bibliothèque ou bibliographie de référence pour l’enseignement des Études Noires en France. Nous savons que les universités françaises commencent à s’y intéresser, elles pourraient continuer le geste inventif et pirate de l’installation. La Bibliothèque Chimurenga est une révolution méthodologique qui pourrait se poursuivre dans le champ scientifique.
Il faudrait, si nous avions le temps, approfondir le geste de dislocation des catégories normatives opéré par la « mangrove Chimurenga ». Une fois les catégories de la BPI disloquées (catégories qui empêchaient toutes tentatives transversales), les lignes peuvent redevenir délirantes et mangrovectionnelles, elles ne vont ni de haut en bas ni de bas en haut, mais d’une direction à une autre sur un même plan, s’emmêlant; elles n’obéissent plus à une loi normative mais à des relations libres, à des pirateries. Il suffirait, pour cela, de prendre son couteau (un, qu’un·e chercheureuse garde toujours en poche) et de couper le lien prétendument logique qui formerait les catégories closes. Il y a toujours des lignes pirates sous les catégories officielles, il y a toujours une bibliothèque imaginaire sous une bibliothèque officielle — l’écrivain Patrick Chamoiseau parlerait de « sentimenthèque [16] », d’une bibliothèque qui ne trancherait pas en catégories fixes car l’élément régulateur ne serait plus la raison mais l’émotion ou les sentiments. L’installation pose le droit à — ce qu’il faudrait appeler — la bibliothèque imaginaire, subjective comme intersubjective.
Vue de l’exposition La Bibliothèque Chimurenga. Image : Pascale Obolo
Je suis le fil rouge de l’installation et m’arrête cette fois-ci sur une phrase : « Pourquoi les chercheurs français qui se sont consacrés à la question raciale aux États-Unis ne peuvent-ils pas en faire de même sur le territoire où ils vivent et exercent ? (…) existerait-il d’une part les États-Unis où la race se déploierait largement et d’autres part la France où la race n’aurait aucun sens ? » — en dessous, je lis Maboula Soumahoro, Le Triangle et l’Hexagone – Réflexions sur une identité noire, La Découverte, 2020. Je comprends que cette phrase m’invite à arrêter le détour par les États-Unis et à saisir l’histoire coloniale française à partir du lieu hexagonal-triangulaire. L’évènement Chimurenga donne envie de voir proliférer en France les études et les recherches assumant entièrement la question coloniale et son actualité, les études sur les littératures noires (à savoir, créoles-hybrides et globales) et cela, non pas avec des mains abstraites mais avec des mains constituées de feu et d’eaux.
Avant que nous partions, souhaitons que ce travail irrigue la propagation prochaine, nous l’espérons, des Études Noires en France et imaginons ces études non comme des zones grises mais comme de réelles innovations méthodologiques. Et je finis avec l’étrange et chaude impression d’une plénitude restaurée. Reines et rois sont incarnés et n’ont jamais été dans le monde enchanté du Non-Existant. L’héritage est là, sensible, et c’est cent voix qui disent avant que je choisisse de parler. Et cette installation-là est révolutionnaire, nous le disons ici pendant que d’autres ne disent tout simplement rien [17]…
Chris Cyrille
L’exposition/installation La Bibliothèque Chimurenga est visible jusqu’au 16 mai 2021 à la Bibliothèque publique d’information (Centre Pompidou), à Paris. Plus d’informations ici.
Vue de l’exposition La Bibliothèque Chimurenga. Image : Pascale Obolo
[1] Decolonize This Place est un mouvement basé à New York qui s’organise autour des droits des peuples autochtones, de la libération des Noir·e·s, du nationalisme palestinien, de la dé-gentrification et des inégalités économiques. Leurs actions ont souvent lieu dans des musées et des institutions culturelles et se concentrent sur les tendances colonialistes dans le monde de l’art. Depuis quelques temps, iels ont lancé un mouvement contre le MoMA à New York intitulé Strike MoMA. Pour en savoir plus : ici et ici.
[2] « Restituer aux États africains les œuvres d’art spoliées par la France pendant la colonisation française… Si elle est réalisée, cette proposition – il serait malhonnête de le contester – sera historique. En même temps, le projet de loi Asile et immigration place cyniquement au même niveau, hasard du calendrier parlementaire et des déclarations présidentielles, la restitution d’artefacts et les reconduites (c’est-à-dire les restitutions) d’êtres humains objectivés vers l’Afrique. En même temps, Français et Européens étendent leurs frontières en Afrique, comme au Niger, exerçant droit de passage et souveraineté sur des territoires qui ne sont pas les leurs. En même temps, se perpétuent des pratiques d’extraction de matières premières par des entreprises françaises dans différents pays d’Afrique, qui mettent les populations en danger chez elles – tel est le sens du combat d’Almoustapha Alhacen pour la reconnaissance des conséquences environnementales de l’exploitation des mines d’Arlit au Niger par Areva. » Nadia Yala Kisudiki « Francophonie, un nouveau soft-power ? La diplomatie de l’attractivité », Revue du Crieur, 2018/2 N°10, p.87
[3] Nadia Yala Kisudiki « Francophonie, un nouveau soft-power ? La diplomatie de l’attractivité », Revue du Crieur, 2018/2 N°10, p.87
[4] Liste trouvée ici
[5] Nadia Yala Kisudiki « Francophonie, un nouveau soft-power ? La diplomatie de l’attractivité », Revue du Crieur, 2018/2 N°10, p.88
[6] Clarisse Juompan-Yakam, « Achille Mbembe : « Pourquoi j’ai accepté de travailler avec Emmanuel Macron », Jeune Afrique, 21 mars 2021, ici.
[7] « Scandale du chlordécone : plusieurs milliers de manifestants en Martinique contre « l’impunité », Le Monde, 27 février 2021, ici.
[8] Adrian Piper, « On the tuileries slave memorial jury « impasse » », Artforum, 12 avril 2021, ici.
[9] Le Monde, « Mort de George Flyod : l’ex-policier Derek Chauvin reconnu coupable de meurtre », Le Monde, 20 avril 2021, ici.
[10] Stuart Hall, Identités et cultures : politiques des cultural studies, Paris, Éditions Amsterdam, 2017 (2007), p. 418.
[11] La liste, plus complète, de l’équipe Chimurenga : Moses März, Mamadou Diallo, de l’équipe commissariale : Amzat Boukari-Yabara, Amandine Nana, Rosanna Puyol, et des autres participant·e·s : Maboula Soumahoro, Olivier Marboeuf, Sarah Fila Bakabadio, Brice Ahounou, Nadia Yala Kisukidi, Mawena Yehouessi, Penda Diouf, Françoise Vergès…
[12] « Il y a une distinction entre les études noires (un champ d’études interdisciplinaires) et l’étude noire (une méthode indisciplinable qui reconnecte la connaissance incarnée à n’importe quel corpus de connaissances). C’est la différence entre regarder les Noirs et regarder avec les Noirs. » Voir ici
[13] On comprend donc à travers ces phrases qu’il n’y a pas de distance entre le « monde », l’objet d’étude et le sujet. Cette approche, aux traits phénoménologiques, semble annoncer que le mot « Noire » d’Étude Noire renvoie autant à une bibliothèque d’expériences qu’à une somme vécue de savoirs et que les deux ne s’opposent pas. On voit bien ici que cette approche ne se réduit pas à la binarité politique/savoir.
[14] Reprise du titre de l’ouvrage de l’essayiste Maboula Soumahoro : Le Triangle et l’Hexagone – Réflexions sur une identité noire, Paris, La découverte, 2020.
[15] Voir ici
[16] Patrick Chamoiseau, Écrire en pays dominé, Paris, Folio, 1997.
[17] Précisons aussi que l’évènement Chimurenga (la Pan African Space Station) a continué au Lavoir Moderne Parisien en une série de discussions et projections, le tout, pris dans des mouvements de joie et de vie.