[Villa Arson] Visite de Franck Riester


Vendredi dernier nous apprenions dans un article paru dans Nice Matin que des étudiants de la Villa Arson avaient tenté de perturber la visite de leur école par le ministre de la Culture Franck Riester. Voici leur version des faits :


Jeudi 28 mars 2019 à 16h18, nous, étudiant.e.s de la Villa Arson recevons un email : 


« Bonjour, 

A l’occasion de sa venue à Nice, dans le cadre de la candidature de la ville pour l’inscription au patrimoine mondial par l’UNESCO, Franck Riester, Ministre de la Culture, viendra visiter la Villa Arson ce vendredi 29 mars à partir de 10h. 

Après des Salutations républicaines sur le parvis d’entrée, le ministre sera invité à découvrir l’établissement en commençant par les expositions en cours puis en visitant des ateliers. 

Ce parcours dans les espaces de la Villa sera l’occasion d’échanger avec les membres de la communauté de l’établissement. 

Soyez par avance remercié·e·s de votre présence et pour l’accueil que vous lui réserverez. 

Bien cordialement 
Sylvain Lizon »

Nous nous retrouvons le soir même, et décidons de porter des banderoles pour accueillir le ministre de la Culture Franck Riester. Sur ces banderoles étaient écrites des revendications d’étudiants, avec la liberté pour chacun d’y inscrire ce qu’il désire. On pouvait y lire : « Nous ne serons jamais une entreprise rentable » ; « On ne fera pas semblant que tout va bien » ; « réévaluation du statut des profs/technicien.ne.s », « On veut un.e directeur.trice des études et un.e régisseur.euse » ; « Macron démission » ; non à « hausse des frais d’inscriptions », « -rapprochement avec l’université -baisse ou stagnation des budgets », « privatisation de l’enseignement public », « annulation des formations des professeur.e.s et technicien.ne.s ». 

Vendredi 29 mars 2019 à 10h nous nous sommes réunis dans le jardin du Bosco, à l’entrée de la Villa Arson. Le directeur nous demande si nous avons prévu quelque chose, tout en nous soufflant de nous disperser. Nous restons. 

Franck Riester, Christian Estrosi, la sous-préfète et des conseillers du ministre arrivent. Nous sortons les banderoles. Ils passent silencieusement devant nous. Nous aussi sommes silencieux. Franck Riester dit Bonjour. La délégation avance jusqu’à l’entrée du bâtiment. Nous les suivons dans le calme. Le cortège ministériel entre dans le grand hall, au son de quelques « Macron démission » scandés par des étudiants. Les portes se referment, bloquées par la police, nous empêchant d’entrer. Nous contournons le bâtiment pour y accéder. 

Arrivés dans le hall, des policiers nous empêchent de nous rapprocher du cortège qui visite alors le centre d’art. Postés autour du hall d’entrée nous déployons nos banderoles. L’arrivée du ministre déclenche de nouveaux « Macron démission ». 
Le cortège ne veut plus aller dans les ateliers, comme il était initialement prévu. A défaut d’engager un dialogue, le ministre préfère écourter sa visite. A notre retour dans le jardin, des policiers tentent de nous arracher les banderoles. 

Cependant, une initiative de la part des professeurs avait été lancée dans le but d’échanger avec le ministre à propos de certaines réévaluations de leurs statuts et salaires. Ainsi, pour favoriser cet échange, les étudiant.e.s ont accepté de remballer leurs banderoles et de se disperser. Sans succès, le départ du ministre était déjà décidé. 

Nous avons appris à posteriori par un média local (Nice matin) que le ministre devait initialement recevoir des lycéens dans notre établissement. Nous n’avons en aucun cas bloqué l’accès à l’école ni contesté leur venue, n’en étant pas informé.e.s. 

Nous n’avons été prévenu qu’à 16h30 la veille. Nous n’avons donc pas pu nous concerter, pour aller au-delà de banderoles et d’une manifestation silencieuse. Ils nous ont ignorés et nous ont interdit l’accès à l’école pour nous empecher de nous exprimer calmement et respectueusement. Ils ont utilisé notre mécontentement comme prétexte de leur départ précipité, plutôt que de nous recevoir ensemble. 

Des étudiant.e.s de la Villa Arson


Liens externes

Nice Matin
Quand les élèves d’une école d’art font capoter la rencontre entre un ministre et des lycéens niçois
31.03.2019 (Français)



  • Brèves
    Sur la question de l’anonymat 

    L’anonymat est une tactique employée par de nombreux·ses auteur·e·s afin de s’exprimer librement sur certaines questions jugées subversives par les autorités ou par un milieu donné (dénonciation d’abus de pouvoir, de situations de violence émanant des institutions et des dominants, de discours haineux, de relations compromettantes, etc.). L’anonymat est utilisé pour garantir la liberté de Sur la question de l’anonymat 


    Lire la suite
  • Critiques
    [Fondation d’Entreprise Ricard] Poésie Prolétaire

    Le soulèvement populaire des gilets jaunes et son inventivité, nous obligent à réévaluer les formes de la contestation institutionnelle. Retour sur l’exposition de François Piron : Poésie Prolétaire à la Fondation d’Entreprise Ricard. « Pour moi la langue n’est pas en dehors du monde, c’est aussi concret qu’un sac de sable qui te tombe sur la tête, [Fondation d’Entreprise Ricard] Poésie Prolétaire


    Lire la suite
  • Lettres
    Paris, 1er juillet 2019 P.A.I.N. / Louvre

    Nous, amis parisiens de P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now), aux côtés de P.A.I.N. et de Nan Goldin, Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, artiste mondialement reconnue et porte-parole du collectif, manifestons aujourd’hui devant le musée du Louvre en tant que survivants et témoins de la crise des opioïdes aux États- Unis, dont la Paris, 1er juillet 2019 P.A.I.N. / Louvre


    Lire la suite
  • Tribunes
    Maja Hoffmann (Arles) World Resort

    Depuis près de 5 ans, le projet « Luma Arles » a profondément modifié les formes et les modes d’exercice du pouvoir sur le territoire arlésien. En venant notamment concéder les pleins pouvoirs à Maja Hoffmann, héritière milliardaire de l’entreprise pharmaceutique Roche, acteurs publics et privés terraforment peu à peu la ville avec pour objectif de faire Maja Hoffmann (Arles) World Resort


    Lire la suite